Récit de session Würm du 03/10/2022 - Initiation et macabre découverte

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AVERTISSEMENT : ces résumés de partie sont basés sur la campagne officielle de Würm "Les Enfants de la Rivière", lire l'intégralité vous expose donc à des spoilers.

Trigger Warning : les coutumes de certains clans préhistoriques impliquent des aspects choquants pour nos contemporains, tels que la polygamie, le géronticide ou le cannibalisme.
Ce jeu n'est pas centré sur ces aspects, mais reste destiné à un public averti.

Initiation et macabre découverte

(récit de session de Würm du 03/10/2022, conté du point de vue de Zortaq)

Deux ans avaient passé depuis le sauvetage de Shem et de Hedrou.

Garll était désormais père d'un petit garçon, et sa femme Loïmeh attendait un nouvel heureux événement dans quelques lunes. Le nouveau père avait confirmé son statut de chamane et avait suivi les enseignements de Vors avec attention, affinant son affinité avec les cours d'eau.



Kodä avait beaucoup côtoyé le clan d'Oavoul, initialement pour qu'ils lui enseignent l'art des fresques, permettant de figer sur la pierre les histoires des clans à l'aide de pigments. Il avait également pu se familiariser avec leurs techniques de chasse, notamment l'art de déséquilibrer sa proie à la façon de la Grande Louve guidant ce clan. Mais plus important, il y avait rencontré Nayama, une jeune femme séduite par l'Enfant de la Rivière, avec qui il élevait leur jeune fils depuis quelques lunes.



Tara était elle aussi passée quelques lunes dans les Grottes aux Loups, paufinant son habileté à manier les armes, enchaînant les frappes à un rythme insoutenable et avec une puissance redoutable. Elle avait par la suite longuement côtoyé les chasseurs de la tribu des Arbres Blancs : Braunthor, Jke, Gabha-Kani, Rigghoï et Uk-rah. Plutôt que de se reposer sur son statut de chasseresse prodigieuse au sein des Enfants de la Rivière, elle restait prête à surmonter de nouveaux défis. Et à impressionner de nouveaux chasseurs !



J'avais eu l'occasion de visiter ces différents clans puisque j'avais quant à moi pris la décision de connaître au mieux leurs lois et coutumes, afin de pouvoir au besoin exprimer au mieux notre besoin de cohésion face aux périls inconnus. Surtout au début, mes départs et retours provoquaient l'étonnement des plus jeunes membres des clans, et je m'efforçais de répondre à leurs interrogations : est-ce que les autres clans vivaient comme eux ? Pourquoi est-ce que je n'arrêtais pas de me déplacer ? Est-ce que j'étais un chamane ou un chasseur ? Je repensais avec nostalgie à Manok et à sa patience qui avait éveillé ma curiosité quand j'avais leur âge.

J'avais aussi longuement parlé avec Urhor et Haram, pères respectifs de Tara et Garll, qui m'avaient enseigné comment percevoir les signes avant-coureurs des catastrophes. Après tout, entre inondation et tempête, nous avions déjà connu notre lot de déchaînement des éléments.



Urhor, sentant que sa vigueur n'était plus celle de ses jeunes années, avait d’ailleurs laissé à Haram le rôle de meneur de chasse. Le père de Tara était désormais un Ancien du clan, dont l'expérience et la sagesse était précieuse.



D'autant plus que Taman s'était offert aux esprits il y a 3 lunes, et de la même façon que Manok l'avait fait pour nous, son rite funéraire avait permis à trois jeunes du clan de connaître leur rite de passage à l'âge adulte.

Chose insolite, tandis que les pères de Tara et Garll s'étaient succédés à la tête des chasseurs, les trois nouveaux adultes leurs étaient également apparentés : Eleyn et Manawâ étaient soeur et frère de Garll, tandis que Po'houn était le plus jeune frère de Tara qu'elle avait rigoureusement entraîné en vue de sa première chasse.



Cependant, ce cycle de croissance, retour aux esprits et naissances semblait troublé au sein de la tribu, et plus particulièrement au sein de notre clan.

La Saison des Chasses s'était avérée courte et peu giboyeuse, n'avait pas manqué de noter Tara. Les herbes mêmes se faisaient rares aux dires de Kodä.

Le nouveau né de Twë, seconde épouse d'Urhor, était mort précocément, une tragédie inédite depuis l'installation des hommes-ours sur les rives de la Rivière aux Anguilles.

J'entendais des rumeurs de désastre imminent lorsque la Saison du Sommeil tomberait sur nous et avec elle la disette, tandis que Garll entendait certains évoquer que nos esprits tutélaires étaient soit affaiblis, soit courroucés par notre manque de dévotion.

Plus terrifiante que toutes ces hypothèses, la vérité est que nous n'avions aucune idée de l'origine de ces malheurs.



Je nous revois sous un soleil pâle, au bord de la rivière, à côté de Köda, Tara et Garll, tandis que Vors expliquait aux nouveaux chasseurs l'initiation dont nous serions témoin.



Les jeunes Po'houn et Manawâ devraient traquer et ramener à la tribu une proie considérable, afin de démontrer à tous qu'après avoir été nourris par le clan, ils sauraient à leur tour pourvoir à ses besoins.



Vors évoqua également la fondation de notre clan ; comment en s'éloignant des montagnes nos ancêtres avaient découverts le Havre d'abondance, notre foyer, et comment ils avaient noué des liens avec les clans d'homme-ours environnants : Roches Acérées, Grottes aux Loups, Arbres Blancs ... Il ne dit pas un mot sur l'absence pourtant étrange de ces derniers : ceux du clan des Arbres Blancs étaient pourtant nos plus proches voisins. Certes ces dernières lunes les occasions de les croiser s'étaient faites rares, mais nous avions supposé qu'ils étaient tout autant occupés que nous à se préparer à la Saison du Sommeil. Ne pas voir un seul de leurs membres assister au départ de futurs chasseurs causa néanmoins un malaise diffus.



Nous avons été tous les six aspergés d'eau glaciale, puis de la vase a été utilisée pour peindre nos corps en l'honneur de Lakti, l'esprit qui avait accueilli nos ancêtres et qui nous faisait encore profiter de ses bienfaits.

Nous avons rassemblé nos armes avant de partir, discutant entre nous. Tara ignorait pourquoi le clan des Arbres Blancs était absent, elle savait simplement que personne ne semblait les avoir croisé depuis deux semaines. J'ai parlé aux autres de la grande crainte de ce clan : forcés de quitter la forêt suite à une épidémie délétère, ils vivaient désormais à la lisière et considérait que l'esprit Siounkan courroucé les avait chassé de leur précédent foyer. Les bois étaient désormais une terre tabou qu'ils ne foulaient que rarement, et ils vivaient dans la peur de ne pas honorer dignement leur esprit tutélaire.



Pendant que nous laissions de côté ces préoccupations pour conseiller les aspirants chasseurs, Tara s'éloigna un moment, pour revenir l'air pâle, et prodiguer des encouragements à son frère sonnant presque comme un défi. Puis nous nous mîmes en route.

Nous avions décidé de laisser Manawâ et Poh'oun ouvrir la marche et diriger la traque, tandis que Tara et Garll les suivraient discrètement à mi-distance et que Kodä et moi resterions en arrière pour éviter d'effaroucher le gibier.



La marche fut longue. Kodä fut agréablement surpris de dénicher des herbes plus abondantes qu'aux abords du camp, mais nous ne trouvions aucune piste animale. Etrange. Nous nous éloignions depuis un long moment quand Tara finit par siffler afin de nous rameuter : enfin des traces ! Le sol dur les rendaient difficilement décelable, mais les larges empreintes semblables à celles d'un cerf ne laissaient aucun doute : un mégacéros !


Nous avons délibéré un moment. Kodä était incertain à propos de l'aide que nous devions apporter aux jeunes chasseurs, tandis que Tara et moi plaidions pour chasser la bête à six : la proie était prestigieuse, et la faim menaçait le clan ! Garll quant à lui se concentrait et répétait des mantras, se préparant à notre rencontre avec ce gibier inconnu, mais sujet de contes d'exploits racontés durant des générations autour du feu.



Nous avons finit par demander l'opinion des deux chasseurs qui nous répondirent qu'ils seraient honorer de chasser cette première proie à nos côtés.



La piste nous mena à deux femelles et un gigantesque mâle en train de paître dans la plaine. Les bois du grand mégacéros était immenses, et de loin nous nous apercevions déjà que l'échine de la bête dépassait déjà la taille d'un chasseur debout. Nous devinions qu'à l'instar des cerfs communs, les femelles éviteraient la confrontation tandis que le mâle serait plus agressif.



Comme toujours, nous avons mis au point un plan : nos deux compagnons les plus furtifs, Tara et Garll, contourneraient les animaux. Tara, vive à l'esquive, ferait l'appât, et lorsqu'il chargerait, nous ferions pleuvoir une grêle de projectiles pour affaiblir le mâle, guettant l'occasion de l'occire. Comme toujours, le plan ne s'est pas passé comme prévu.



Tara s'est levée et a provoqué le mégacéros, mais au lieu de la charge escomptée l'animal ne la gratifia que d'un regard intrigué, étonnamment placide. Garll se leva aussi sans plus de succès. Notre groupe a alors décidé, avec peut-être un peu d'empressement, de faire vrombir nos frondes : les pierres ont volé et ont fait mouche, celles des nouveaux chasseurs frappant toutes deux la tête du cervidé !



L'affront et la douleur sont parvenus à énerver l'animal, cette fois prêt à charger ... vers le mauvais groupe ! Il faut croire que nous devions revoir notre approche des grosses proies ... Bref, Garll et Tara ont chacun lancé leurs propres projectiles, la sagaie de Garll aiguillonant la croupe de l'animal tandis que ceux de Tara ne causant pas grand mal. Et le grand cerf s'est élancé de sa course bondissante, ses grands bois prêts à nous balayer, ses sabots prêts à nous écraser.



Tandis que Kodä et Malawä ont tenu bon, j'ai senti que Poh'oun était pris par la même peur qui me tenaillait, mais j'ai tenu bon. J'ai rarement réussi un aussi bon lancer de bolas : les poids ont virevolté, la corde s'enroulant autour des pattes du mégacéros qui a chuté, stoppé net dans sa course !

Malawä et Poh'oun ont littéralement sauté sur l'occasion, s'élançant l'épieu brandit pour achever leur première proie, tandis que j'ai aidé Kodä qui avait pris l'initiative d'immobiliser les bois de l'animal.



Tara pendant ce temps, malgré la protestation de Garll, a tenté sans succès d'ajouter une femelle à notre tableau de chasse ; tentative raillée par la suite par la langue acérée de Kodä.



Garll a montré aux deux nouveaux chasseurs comment remercier l'esprit de l'animal après une chasse fructueuse et sans blessure, et leur a accordé l'honneur de consommer le foie cru afin d'emprunter la force de l'animal. Poh'oun m'a avoué à mi-voix, faisant attention à ne pas être entendu de sa soeur, avoir été effrayé lors de la charge du mégacéros, je l'ai rassuré en lui disant que moi aussi, mais que l'important est qu'il avait su réagir lorsque son aide était nécessaire pour achever la bête.



Tentant de sembler solennel, j'ai ensuite montré mon pendentif en griffe de panthère à Manawä et lui, et ai déclaré que de la même façon que nous avions gardé un pendentif des griffes de la première bête dangereuse que nous avions affrontée, eux devraient désormais porter en pendentif les bois surdimensionnés du mégacéros. Après un éclat de rire lorsqu'ils ont saisi le non-sens de la taquinerie, ils ont décidé de garder chacun un fragment de bois qu'ils tailleraient en souvenir de cette chasse initiatique.


Après avoir dépecé l'animal, nous avons entamé la lente route vers notre camp, traînant sur une civière la dépouille de l'animal déjà partiellement dépecé. Quelques flocons tombaient déjà, quand je vis une vision macabre : un glouton en train de mastiquer une dépouille. Une main dépassant de sa gueule. Tara projette sa sagaie, chassant l'animal de la dépouille. En s'approchant elle reconnaît le mort : Rigghoï, l'un des chasseurs du clan des Arbres Blancs. Son corps durci par le froid était partiellement enterré dans la terre givrée. À notre connaissance, les membres de son clan n'auraient aucune raison de l'inhumer de façon aussi négligente et si loin de la lisière de la forêt. Son torse et son ventre présentaient d'étranges coupures, et des décolorations malsaines, révélatrices d'un poison nous indiqua Kodä.



Pendant que nous bâtissions un tumulus de pierre afin de protéger sa dépouille des charognards, notre mine était sombre. Tout indiquait que ce n'est pas un animal qui l'avait tué puis enterré. Cela ressemblait à une tentative maladroite de cacher un acte terrible. Le tabou du meurtre aurait-il été brisé ? Qui plus est, par une personne pratiquant la sorcellerie et l'art des poisons ? Serait-ce l'oeuvre d'hommes-ours ou de faces-plates ?



Notre retour au Havre fut doux-amer : l'excitation du retour et de la prise impressionnante des nouveaux chasseurs était secrètement tempérée par la sinistre découverte. Garll s'empressa de retrouver Loïmeh et leur fils, tandis que Tara partit prier Lakti sur la rive. Je suivis Kodä pour révéler l'incident à son père et chercher conseil, cependant Vors admit son ignorance sur les causes de cette mort perturbante. Nous avons convenu qu'il faudra avertir les proches du décédé, mais que ce soir appartenait à Poh'oun et Malawä.

Durant la veillée, j'ai conté avec Garll le récit de la chasse des deux héros du jour, tentant de leur faire oublier un moment l'image du glouton dévorant un chasseur de notre clan voisin. La jeune Eleyn, qui ne montrait pourtant pas d'intérêt marqué pour la chasse, ne manqua pas elle aussi de féliciter son frère Manawä ainsi que son nouveau compagnon de chasse Poh'oun.

Kodä passa du temps auprès de sa femme et son fils, tandis que Tara était restée en retrait auprès de la rivière, visiblement troublée par les derniers événements, par les derniers changements dans le clan. Je pris un moment pour tenter de la dérider, mettant en avant le fait que si elle n'avait pas eu un rôle déterminant dans la mise à mort du mégacéros, sans elle nous aurions raté sa piste, et que l'entraînement de Poh'oun avait porté ses fruits et qu'il saurait la rendre fière en tant que chasseur. J'ai passé sous silence l'évidence : le meurtre probable d'un compagnon de chasse et la menace diffuse planant sur le clan, l'isolant de nos plus proches voisins. Elle me répondit d'un simple hochement de tête, tandis que je la laissait méditer au bord de l'eau reflétant la lumière lunaire.

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