Récit de session Würm du 06/09/2022 - Le Tourment de Laoki
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AVERTISSEMENT : ces résumés de partie sont basés sur la campagne officielle de Würm "Les Enfants de la Rivière", lire l'intégralité vous expose donc à des spoilers.
Trigger Warning : les coutumes de certains
clans préhistoriques impliquent des aspects choquants pour nos
contemporains, tels que la polygamie, le géronticide ou le cannibalisme.
Ce jeu n'est pas centré sur ces aspects, mais reste destiné à un public averti.
Le Tourment de Laoki
(récit de session de Würm du 06/09/2022, conté du point de vue de Zortaq)
La nuit fut calme.
À notre réveil, nous avons parlé avec Tavarra, enchanteresse du clan Oronak. Elle nous a expliqué que le talisman d'Okome trouvé sur le corps de Laoki était un talisman de protection, et qu'il lui semblait très étrange qu'un esprit tel que celui du lion gris maudisse un tel fétiche. A moins que quelqu'un n'ait spécifiquement commis un acte déclenchant le courroux de l'esprit.
Laoki aurait-il été maudit en volant le fétiche ? Nous avons annoncé à Tavarra notre projet de remettre le fétiche au corps d'Okome, bien que nous ignorions où se trouvait le lieu où sa dépouille reposait.
Tavarra sembla voire cela d'un bon œil, mais annonça que cette requête serait d’abord présentée au Conseil du Clan, et que la réponse serait donnée le soir-même après délibération.
En attendant, elle nous laissait libre de vaquer à nos occupations dans le camp et ses environs.
Tara décida d'honorer l'esprit local, le géant endormi Oronak, aux abords du camps. Elle restait visible au loin, commençant à empiler des pierres avec soin.
Kodä et moi nous entretenions tous deux avec Tavarra, comparant avec intérêt les us locaux et ceux de notre clan en ce qui concerne l'usage des plantes et les enchantements. Les coutumes de notre clan natal et celles des Roches Acérées nous semblaient aussi complémentaires que le soir et le matin.
Garll de son côté s'est installé parmi plusieurs jeunes femmes minutieusement affairées au travail des peaux et les aida dans leur ouvrage tout en discutant avec aisance.
Un peu plus tard, Garll et Tara nous ont fait signe de les rejoindre, avant de nous expliquer que nous tenions une piste. Kati, l'une des jeunes femmes avec qui Garll travaillait, lui avait soufflé l'idée d'aller consulter Lygrah, la fille du chamane défunt.
Le félicitant pour cet indice capital, nous sommes partis trouver celle qui détenait peut-être la clé du mystère planant autour du fétiche volé à son père.
Nous sentons à l’attitude de la jeune fille que nous faisons une première impression … mitigée. Comment lui en vouloir ? Mon père est accusé d'avoir profané le corps du sien en dérobant un objet censé l'accompagner dans l'au-delà …
Garll tenta de briser la glace en m'encourageant à la séduire. Bien que je n'avais pas de tels projets, je fus surpris de constater le mépris glacial que lui inspira cette perspective. Kodä décida de s'éloigner avec Garll, malgré les protestations de ce dernier, nous laissant Tara, Lygrah et moi.
Après de plates et maladroites excuses de notre part, Lygrah consentit à nous éclairer : mon père Laoki lui avait fait des avances importunes. Quelle avait repoussées. À plusieurs reprises. Récurrentes malgré cela.
Excédée, Lygrah avait fini par le défier de lui ramener la dépouille d'un lion des cavernes.
Mon cœur s'est serré, ainsi que mes poings. Ainsi mon père s'absentait motivé par son obsession pour la fille de son ami ? Était-ce ce défi qui l'avait poussé à réclamer un fétiche à Okome et à Tavarra malgré l'interdit ?
Tara posa une question simple mais effrayante à Lygrah : Okome était-il mort avant ou après le défi ?
La réponse me souleva le cœur : le défi datait d'il y a trois lunes. Okome avait fait une chute mortelle il y a une lune.
Cette chute était-elle accidentelle ? Le vol du fétiche était-il opportuniste ou calculé ?
Après avoir remercié Lygrah, et lui avoir proposé d'être présente lorsque nous rendrions le fétiche à Okome, son propriétaire légitime, nous avons rejoint Garll et Kodä.
Malgré nos débats, les questions sur le déroulement exact des faits restaient sans réponse. Cependant une chose semblait de plus en plus sûre : mon père semblait seul responsable du courroux du fauve spectral. Mon père s'était déshonoré.
Je ruminais ces pensées jusqu'à décider de m'occuper les mains et l'esprit en confectionnant une massue enchantée, tout en promettant aux esprits de laver cette faute et d'honorer la mémoire d'Okome afin que nos deux clans trouvent l'apaisement. Quelques heures plus tard, je déposais cette offrande au pied du splendide cairn érigé par Tara.
Le soir, nous avons été tous les quatre convoqués par l'assemblée tribale. Alors que nous nous approchions, j'appris au passage que Kodä avait mis à profit les conseils de Tavarra pour confectionner ses décoctions avec les plantes locales, avec succès nous dit-il avec satisfaction.
Garrl avait connu quelques déboires, son assurance et son éloge de l'habileté artisanale de Kati ainsi que de la peau de l'intéressée n'ont pas rencontré le succès escompté. "Mais ce n'est que partie remise", nous assura-t-il avec confiance.
Le silence se fit, et Tavarra nous partagea la décision du clan : notre démarche était jugée honorable, et nous participerions pour cela aux rites funéraires d'Okome.
Nous irions rassembler ses os au Col des Morts, délivrés de leur écrin charnel par les esprits du vent et des bêtes.
Nous irions accrocher son crâne à l'Arbre des Ancêtres, d'où il bercerait les rêves du géant endormi.
Nous irions chasser un ours afin que son esprit guide celui d'Okome vers les autres ancêtres sages de la tribu.
Enfin, nous rendrions les os d'Okome et son fétiche à la terre dans la Caverne des Sépultures.
Nous nous avons échangé des regards effarés tous les quatre. Participer au rituel funéraire d’un autre clan ? Tuer un OURS ? L’un de mes totems, qui plus est ? Nous n’avions jamais entendu parler d’une telle chose.
Tavarra pris le temps de nous tranquilliser et d'expliquer le rituel à suivre afin de ne pas offenser les esprits et particulièrement celui de Kani’hounâ.
Après quelques préparatifs, nous nous mîmes en route le lendemain, accompagnés de Tavarra, Hartwë, Lygrah et d'autres membres importants du clan.
Le sentier du Col des Morts. Croyez-moi, vous ne savez pas ce qu'est le vent avant d'être passé par un tel lieu. La bise glaciale nous fouettait le visage, faisant voler les pans de nos vêtements tandis que nous rassemblions les os rongés d'Okome. Quelques uns manquaient, d'autres avaient été brisés, mais cela ne mettait pas en péril les funérailles, et le crâne était bien intact.
Ensuite nous avons poursuivi notre route dans le chaos minéral que sont les terres des Roches Escarpées. Croyez-le ou non, là-bas les gouffres et les promontoires y sont plus communs que les étendus plates ; et les pierres le sont plus que les brins d'herbe ! Un grand pin, tordu par les caprices du vent, nous attendait en haut d'un piton escarpé, portant d'étranges fruits blancs. Les crânes des ancêtres. On me confia le crâne, et j'allais l'accrocher à une lanière afin qu'il tintinnabule avec les autres ancêtres de la tribu au gré des balancements du grand arbre.
Enfin venait l'heure attendue et redoutée. La Chasse rituelle. Solennellement, nous nous recouvrîmes le visage de sang en signe de mortification pour l'entorse au tabou que représentait ce rituel, priant Kani’hounâ de nous accorder sa force, sa sagesse et son pardon.
Contrairement à nous autres qui nous étions contentés de sang de bouquetin, Garll s'entailla, utilisant son propre sang. Puis il entra en transe, son esprit accompagnant un aigle, volant haut au-dessus de nous tandis que nous attendions auprès de son corps resté immobile.
"Un ours brun. De belle taille," nous annonça-t-il, avant de nous indiquer la direction. Nous nous mîmes d'accord sur le fait de le prendre en tenaille par équipes de deux.
Garll et moi le contournâmes sans nous faire repérer, puis nous avons hurlé et martelé nos armes afin de monopoliser son attention.
Koda et Tara ont dû être aussi perturbés que l'ours, à moins que le vent ne leur ait joué un tour : leurs tirs de sagaie et de fronde ricochèrent sur le sol, inoffensifs.
Je vais être honnête : à ce moment là de la chasse, j'ai craint que celle-ci ne tourne au désastre. Notre groupe était scindé, la bête était massive, le terrain inhospitalier … Un esprit bienveillant a dû guider mon tir de fronde précipité : en plein dans l’œil !
Je n'ai pas eu le temps de me réjouir : l'ours s'élançait droit vers moi ! Si Garll a tenu fermement sur ses pieds et a continué à jeter épieu après épieu, j'étais partagé entre le devoir de combattre et l'instinct de fuir tel l'écureuil devant … devant l'ours je suppose.
Mais voir mes camarades continuer malgré tout à assaillir la bête massive m'a aidé à tenir bon. Un chasseur solitaire surprendra peut-être plus de proies, mais un groupe de chasse soudé tiendra face à tous les fauves !
La lance de Tara se planta dans le flanc de l'ours en pleine charge. Le poison envoûtant dont l'arme était couverte se mêla au sang de l'ours ; les esprits des plantes malmenèrent l'esprit du grand prédateur, rendant sa démarche hésitante.
Garll se jeta en hurlant sur le fauve en le tailladant de son emblématique lame d’os. Je suivis mon camarade de près, plantant la pointe si profondément dans le corps de l'animal qu'en s'effondrant celui-ci me l'arracha des mains !
Heureusement, l'animal ne se releva pas et nous nous regardions tous, le visage toujours couvert de sang.
Nous avions réussi.
L'ours fut dépecé et cuit cérémoniellement. Alors que l'on nous proposait de nous faire l'honneur de consommer des morceaux de choix du fruit de notre chasse, Tara se leva et offrit solennellement sa part au meneur de chasse des Roches Acérées. "Afin que la querelle qui avait commencée par le partage du fruit d'une chasse ne finisse par n'être qu'un mauvais souvenir." Nous avons suivi son exemple avisé, sentant l'approbation du clan grandir à notre égard.
Je repensais à tout ce qui nous avait mené à ce moment.
Finalement, il me semblait que Feydalaï n’ai pas été directement impliqué dans la mort de mon père … Même si je ne pouvais me débarrasser du pressentiment que si son clan semblait plus ouvert envers les Enfants de la Rivière qu’à notre arrivée, ceci n’avait probablement pas suffit à apaiser l’esprit vengeur du redoutable prétendant de Manok.
Rassemblés dans la Caverne des Sépultures, nous nous apprêtions à vivre la dernière étape du rituel funéraire. Le crâne de l’ours prit place dans la tombe creusée pour Okome, avec les os de ce dernier. Je rendis enfin le fétiche, avant que Tavarra n’achève la cérémonie par quelques paroles d’apaisement.
Une tension disparut. Les derniers hommages avait été rendus à l’esprit d’Okome, ce chamane que nous ne connaîtrons jamais, et pourtant dont l’esprit nous a accompagné lors de ce séjour auprès du clan d’Oronak.
Tavarra nous remercia et exprima sa satisfaction envers notre conduite, et ses espoirs que cela soit le premier pas vers une réconciliation durable entre clans. « Vous avez fait honneur aux Enfants de la Rivière, » conclut-elle.
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