Récit de session Würm du 09/11/2022 - Retour aux Sources

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AVERTISSEMENT : ces résumés de partie sont basés sur la campagne officielle de Würm "Les Enfants de la Rivière", lire l'intégralité vous expose donc à des spoilers.

Trigger Warning : les coutumes de certains clans préhistoriques impliquent des aspects choquants pour nos contemporains, tels que la polygamie, le géronticide ou le cannibalisme.
Ce jeu n'est pas centré sur ces aspects, mais reste destiné à un public averti.

Retour aux Sources

(récit de session de Würm du 09/11/2022, conté du point de vue de Zortaq)

Alors que le clan des Arbres Blancs s'affairait à préparer son départ vers le Havre, nous discutions toujours du traitement à réserver à l'homme long prisonnier qui nous toisait d'un air interrogatif, ne semblant pas comprendre un mot de nos paroles.



J'ai tenté de communiquer avec lui en dessinant dans la poussière, en lui faisant comprendre que lui resterait ici tandis que nous, les hommes-ours, partirions. Il hocha la tête.



Puis j'ai dessiné des silhouettes filiformes armées et entourant un humain trapu, souhaitant lui demander pourquoi certains les hommes-longs avaient tué certains hommes-ours aux abords de la lisière de la forêt.

Cette fois-ci le prisonnier n'eut pas l'air de comprendre ma question. Se pourrait-il qu'il n'ait pas participé à l'assassinat de Rigghoï, la première victime des Arbres Blancs dont nous avions eu connaissance ?



J'ai dessiné la grande araignée au milieu de la toile qui revenait dans les visions que nous inspiraient les esprits, mais l'homme-long ne sembla pas reconnaître ce symbole. Visiblement personne ne vénérait ouvertement l'esprit arachnéen Ur-Môrn au sein du redoutable clan du Hibou Gris. Kodä compléta ce dessin en dessinant un torse humain et des blessures, reliant d'une flèche l'araignée aux entailles envenimées que nous avions constatées sur le corps du chasseur du clan des Arbres Blancs. La perplexité de l'homme-long ne fit aucun doute : ce chasseur n'avait aucune idée que quelqu'un avait été empoisonné ... De plus en plus curieux.

Cependant, ceci semblait coïncider avec notre supposition que les faces-plates chercheraient à offrir rituellement les dépouilles d'hommes-ours à une entité prédatrice plutôt qu'à dissimuler un mort en l'enterrant ...



Nous avons finalement décidé de laisser notre anonyme inconnu attaché dans le camp tandis que nous partions à l'aube en direction des berges de la Rivière aux Anguilles. Ses compagnons le détacheraient bien assez tôt lorsqu'ils iraient constater l'abandon du camp.

Tandis que nous nous rapprochions de notre terre natale, nos alliés comme nous mêmes étions effarés quant à la flétrissure qui affligeait la nature environnante : la végétation n'attendait pas la Saison du Sommeil pour perdre ses couleurs, et rares étaient les animaux aperçus sur notre route.



À notre arrivée dans le camp, une discussion animée s'entama tandis que nous expliquions la situation aux Enfants de la Rivière. Garll était particulièrement alarmiste, encore choqué par l'attaque du fauve provoquée par le chamane bestial, ses propos se faisaient confus, comme s'il était encore en proie à une transe.

Son père et meneur de chasse Haram l'encouragea d'un ton ferme à se reposer après ces épreuves aux côtés de sa femme Loïmeh et de son jeune fils Garp'.

Kodä fit de même, rejoignant son épouse Nayama et son fils Voulkao ; tandis que son père Vors déclarait que les décisions attendraient le conseil du soir.



Tara et moi allâmes au bord de la rivière prier Lakti, souhaitant à la fois être guidés et soutenir notre esprit tutélaire par nos modestes offrandes. Quelque chose dans l'apparence quiétude indifférente de l'eau me glaça le sang.



Le soir même, les paroles de tous étaient focalisées sur la menace des hommes-longs qui poussaient les Arbres Blancs à un nouvel exil.

Tara pris la décision, accompagnée par son cadet Po'houn, d'aller récupérer le corps de Rhiggoï afin d'empêcher le clan du Hibou Gris d'exposer sa dépouille à leurs rites macabres.

Dans le même temps, je suggérai que Shem parte prévenir les clans des Roches Acérées et de la Grotte aux Loups des machinations encore obscures du clan du Hibou Gris.



À l'issue du conseil, nous avons décidé de rendre hommage à Kani’hounâ, empilant les pierres et les peignant afin de figurer une tête d'ours. Cette fois-ci, l'esprit de la Grande Ourse Rouge nous paru sensible à notre cérémonie, et ceci nous fit reprendre courage : par l'alliance des esprits comme des clans, nous pourrions peut-être faire face aux périls menaçant la tribu.



Alors que le soleil baissait sur l'horizon, je décidai de m'isoler afin d'enchanter la griffe de panthère, trophée de notre premier périple loin du clan. Ce fétiche représenterait à la fois notre premier triomphe, le lien qui me liait à Garll, Kodä et Tara, mais aussi à Manok ...

Tandis que je chantait afin d'éveiller l'esprit de la panthère habitant la griffe, les ombres nocturnes s'allongèrent, et la dernière lueur du jour mourut à l'ouest.

Un vent froid sembla emporter mes paroles, faisant crisser les feuilles desséchées comme un rire sournoisement retenu. Je fixai des yeux le pendentif que je tenai devant moi, se balançant hypnotiquement, et un frisson me parcouru sans raison apparente.

Cette griffe, je l'avais toujours associée à la fierté d'avoir su repérer le prédateur qui nous menaçait, et à notre premier triomphe collectif suite à notre retour.

Cette griffe, je l'avais porté à mon cou jour après jour, lune après lune, saison après saison.

Cette même griffe me paraissait soudain étrangère, une chose à la fois morte et dangereuse, tranchante et traîtresse, comme un éclat de silex tombé dans la poussière sur lequel l'on s'entaille la plante du pied. J'éprouvai un sentiment de malaise fiévreux.



Tenant toujours le pendentif à bout de bras comme je l'aurai fait d'un serpent venimeux, je me suis empressé d'aller consulter Garll, qui saurait sûrement ce que signifiait cette soudaine répulsion que j'éprouvais.

Je lui expliquais la situation, et celui-ci accepta immédiatement de m'aider à conjurer ce présage sinistre.



Alors qu'il commençait à jouer du tambour, le vent forcit à nouveau, portant avec lui la caresse glaciale de la Saison du Sommeil. Une ombre nuageuse passa devant la pleine lune. L'astre voilé nous fit l'impression d'un oeil aveugle, mort et pourtant nous fixant sans ciller.

Une seule certitude : je devais me débarrasser du fétiche, quelque soit mon attachement à ce souvenir. Mais comment ? Ma première impulsion fut de l'enterrer au pied de l'effigie de Kani’hounâ, afin que celle-ci nous garde des mauvais esprits par sa vigilance, mais Garll s'opposa avec véhémence à cette idée : trop en demander aux esprits protecteurs risquait de les affaiblir au moment où nous en aurions le plus besoin. Nous ignorions à ce moment à quel point ses paroles reflétaient notre situation. De plus, si l'objet tombait entre les mains d'ennemis, il pourrait également causer notre perte, et nous-mêmes ne pouvions risquer de faire appel à son pouvoir.



Désemparés, nous sommes parti consulter Vors en pleine nuit, espérant que sa sagesse d'ancien et de chamane saurait démêler ce que nous devrions faire du fétiche qui manifestement était habité par une présence néfaste. Vors nous écouta, et après avoir déploré que les esprits nous soumettent à tant d'épreuve, parvint à achever la cérémonie entamée par Garll. Pour tirer un trait définitif sur ce cauchemar, j'ai soigneusement broyé la griffe entre deux pierres, et j'ai porté la poudre aux abords du camp. Le vent sifflant m'accompagnait toujours, tantôt doux comme une promesse, tantôt vif comme une menace. Le sang battait à mes tempes. Je me plaçais dos au camp, et j'ouvrais les mains, laissant les bourrasques éparpiller les fragments dans la nuit, loin des Enfants de la Rivière. L'air me sembla soudain plus respirable. J'allai rejoindre ma tente et m'y effondrer, dormant d'un sommeil sans rêve.



Le matin, nous sommes réveillés par le brouhaha de discussions animées au bord de la Rivière aux Anguilles. Kodä et moi nous approchons et constatons que le courant calme charie des formes pâles : une multitude de poissons moribonds, le ventre à l'air, l’œil vide écarquillé. Garll a déjà les pieds dans l'eau, en train d'examiner l'un de ces poissons. Autour de nous, les rumeurs circulent. La malédiction aurait-elle encore frappé ? Les esprits seraient-ils défavorables à l'accueil des Arbres Blancs au sein des Enfants de la Rivière ? Serait-ce une manigance des faces-plates ?

Je pense alors à Tara et Po'houn qui ont quitté le camp à l'aube afin d'aller chercher au plus tôt la dépouille du chasseur décédé, j'espère qu'aucune embûche ne les attends.



Garll prend Vors à partie et nous fait signe de les suivre à l'écart. Il nous raconte la vision que Lakti lui a inspiré cette nuit : pleurant des larmes noires, celle-ci lui a raconté qu'elle avait trop longtemps veillé sur les nôtres, et que les impatients esprits de la montagnes ne lui accordaient plus leur soutien. Notre clan devrait retourner sur les pas de nos ancêtres. Retrouver la source dont elle était issue et y mêler l'eau du Cœur des Montagnes afin de la libérer du Sang Noir. Tout cela pour purifier la Rivière aux Anguilles du poison répandu par nos ancêtres.

Vors nous éclaira sur les racines de notre clan et sa fondation. Nous savions que nos ancêtres, guidés par le sage Wuloï, avaient quitté les montagnes pour s'installer au Havre. Vors nous expliqua que notre clan était issu d'un schisme : les ancêtres de nos ancêtres appartenait au clan de la Source Fumante.



Wuloï avait alors un frère malchanceux, Haq-aar, qui était tombé à la chasse face à la charge d'un bison. L'histoire aurait pu s'arrêter là, mais après quelques temps Haq-aar serait revenu d'entre les morts changé par ce traumatisme : de chasseur il devint chamane, hanté par de mystérieuses visions. Le sort s'acharna sur lui, puisque la maladie emporta son fils et sa femme. Ceci acheva de le rendre fou : il refusa que le corps de sa femme revienne au clan lors de rites funéraires, et l'on prétendait qu'il continuait à étreindre la défunte. Il fut renommé Athran-mak, "celui qui embrasse une morte".

Le clan fut divisé par cette folie entre partisans maladifs d'Athran-mak et fidèles de Wuloï, tandis que Kani’hounâ elle-même se mit à hanter le camp. Lorsque l'affrontement fratricide éclata, Wuloï et les siens furent forcés de fuir et de sauter dans le torrent en désespoir de cause.

C'est alors que Lakti pris sous son aile ceux qui seraient les premiers Enfants de la Rivière, leur permettant de survivre alors qu'ils étaient ballottés par le courant loin de leurs montagnes natales.



Une nouvelle réunion du conseil fut immédiatement décidée, et la décision tomba : dès que Shem, Tara et Po'houn seraient de retour, tout le clan se mettrait en marche vers la Source Fumante. Les Enfants de la Rivière braveraient ensemble les premières rigueurs de la Saison du Sommeil afin de sauver Lakti de cet énigmatique Sang Noir, comme elle-même avait sauvé nos ancêtres de la démence d'Athran-mak.

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