Récit de session Würm du 11/10/2022 - La Calamité des Arbres Blancs
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AVERTISSEMENT : ces résumés de partie sont basés sur la campagne officielle de Würm "Les Enfants de la Rivière", lire l'intégralité vous expose donc à des spoilers.
Trigger Warning : les coutumes de certains clans préhistoriques impliquent des aspects choquants pour nos contemporains, tels que la polygamie, le géronticide ou le cannibalisme.Ce jeu n'est pas centré sur ces aspects, mais reste destiné à un public averti.
La Calamité des Arbres Blancs
(récit de session de Würm du 11/10/2022, conté du point de vue de Zortaq)
Une tempête semblait secouer le monde, menaçant de tout faire s'écrouler. Puis en me réveillant je me suis rendu compte qu'aucun vent ne soufflait, mais que Tara tentait de me réveiller en m'appelant. Je ne compris pas tout ce qu'elle dit, elle parlait d'un cauchemar et de Lakti.
Nous nous retrouvions un peu plus tard autour du foyer du clan, après être parvenu à réveiller Garll et Kodä sans troubler le sommeil de leurs épouses et enfants.
Tara nous raconta son songe : une déferlante de boue inarrêtable, puis le lit de la rivière à sec. Au milieu de la vase, une femme à la chevelure verte, des marques brunes sur ses bras et épaules, pleurait des larmes noires, et appelait à l'aide. Lakti, l'esprit de la rivière, notre mère spirituelle.
Tandis que je songeai que ce pourrait être annonciateur d'une catastrophe naturelle d'une ampleur sans précédent, cela évoqua à Garll les usages destructeurs qu'un chamane - mal intentionné ou manquant de sagesse - pourrait faire de certains pouvoirs. En tout cas nous étions d'accord avec Kodä et Tara que cela devait avoir un rapport avec la prière adressée par cette dernière le soir précédent.
Nous sommes revenus au bord de la rivière, Kodä a peint nos corps et dessiné des motifs rituels sur la berge tandis que Garll commençait à faire résonner son tambour et à … changer. Le monde autour de nous sembla ondoyer, comme sous l'eau, et bientôt une face velue aux oreilles pointues et aux dents aiguës remplaça le visage familier de notre chamane, sa voix changeant également pour se faire plus chuintante, animale.
Inconscient du choc que provoque sur nous son apparence totémique, Garll voyageait en esprit entre les mondes à la recherche de réponses sur la nature de la menace pesant sur notre clan et sur notre esprit tutélaire Lakti.
Lorsque la transe cessa, Garll avait repris l'apparence que nous connaissions, et semblait très éprouvé par ce rituel. Entre deux gorgées d'eau de la rivière, il nous raconta son épopée spirituelle.
Une nuit étoilée, et une immense toile méthodiquement tissée par une araignée, faisant des va-et-vient pour parfaire son piège soyeux. Puis le jour qui se lève, des perles de rosées se déposent sur la toile et la tisserande à huit pattes s'y abreuve, mais s'interrompt lorsqu'une ombre prive les gouttes du scintillement de l'aube. Garll n'a pas vu ce qui projetait l'ombre, mais a remarqué que l'une des gouttes brillait de sa propre lueur. L'araignée s'est approchée pour la boire, puis la scène a disparu dans un éclat lumineux.
Une forêt, où dansent d'inquiétantes silhouettes filiformes aux visages inexpressifs dansent. Au passage de leur sarabande, la végétation se flétrit à vue d’œil.
Le lit asséché d'une rivière, où gît un homme-ours aux longs cheveux gris serre contre lui un tronc mort et pâle, comme s'il souhaitait le protéger. Une multitude d'araignées vient alors, et le décompose en petites orbes de lumières.
Nous avons émis mille et une suppositions pour interpréter cette vision, celle de Tara, et la découverte du corps du jeune chasseur Rigghoï à demi enterré. Nous nous sommes rendus sous le vieux saule où se rassemblait le conseil, où nous avons partagé ce que nous savions et ce que nous supposions avec le reste du clan. La perplexité et l'inquiétude était générale, les sages eux-mêmes étaient déroutés par ces signes. Le clan avait-il négligé d’honorer Lakti ? Pourquoi la nature se mourrait-elle ? Étions-nous fautifs ? Tara et Garll nous rappelèrent que nous avons toujours respecté cette terre et ses bienfaits, et que la cause de ces maux était donc extérieure.
Tandis que le conseil prenait des mesures vis à vis du rationnement de la nourriture, organisait de nouvelles chasses et discutait des offrandes appropriées afin d’alléger le fardeau pesant sur notre esprit tutélaire, nous avons décidé que nous devions de toute façon mettre le clan des Arbres Blancs au courant de la mort de l’un des leurs. Et suivre par la même occasion le présage évoquant un arbre blanc, protégé par une figure me rappelant l’esprit qui nous avait secouru lors d’une coulée de boue qui avait failli nous être fatale juste avant notre passage à l’âge adulte.
Nous sommes arrivés en fin de journée à la lisière de la forêt, et avons été surpris par l’atmosphère morose régnant parmi les quelques membres composant le clan local. Dans notre précipitation à partir et dans l’effervescence animant le Havre, nous avions oublié de prévoir une offrande pour ce clan ami ! Heureusement, Kodä, notant que la végétation semblait plus abondante alors que nous nous éloignions de notre camp, avait cueilli des herbes thérapeutiques en abondances, et pu les offrir à la doyenne et guérisseuse du clan, Taarna, et à son apprentie Hounâ.
La nouvelle de la mort de Rigghoï dévasta son épouse, mais ne sembla pas surprendre son clan. Taarna semblait particulièrement défaitiste : leur clan serait maudit par Siounkan, qui avait envoyé des hommes-longs comme émissaires, le clan du Hibou Gris, afin de tourmenter celui des Arbres Blancs. Trois membres du clan étaient déjà morts, selon elle le message était clair : leur esprit tutélaire ne tolérait même plus leur présence à la lisière de la forêt dont il les avait jadis chassés par une épidémie. Désormais ses étranges émissaires rôdaient la nuit autour d'eux, et les décimeraient jusqu'au dernier si le clan ne se résignait pas à l'exil.
Tout cela n'avait pas de sens de notre point de vue. Nous avons tenté de leur faire reprendre leurs esprits : notre clan aussi semblait maudit, et nous avions eu les mêmes doutes qu'eux, et pourtant notre esprit tutélaire nous appelait à l'aide ! Il était possible comme pour nous qu'une tierce partie soit responsable de leur affliction.
Nous sentions qu'il fallait apporter notre aide à nos alliés en détresse, et j'ai dû retenir de justesse Tara d'aller traquer un à un les hommes-longs en pleine nuit. Se perdre dans les ombres contre un ennemi dont nous ne connaissions pas le nombre et visiblement doté d'armes empoisonnées ne nous mènerait qu'à plus de morts. Malgré mes paroles l’incitant à la tempérance, j’étais tout aussi outré qu’elle. Un esprit tutélaire pouvait-il avoir ordonné ces meurtres envers nos alliés et amis ? C’était pour moi quelque chose d’inconcevable, et pour la première fois je me suis surpris à être prêt à défier un esprit tutélaire, s’il était réellement responsable des calamités s’abattant sur ceux qui le vénéraient avec crainte …
Garll a galvanisé les chasseurs par une cérémonie, réveillant particulièrement la combativité de leur meneur Braunthour. Kodä, occupé à préparer ses propres poisons pour combattre le feu par le feu, a proposé que j'aille faire la cour à la jeune veuve pour la dérider. J'ai pensé qu'il avait dû goûter à la mauvaise baie pour proférer une plaisanterie aussi incongrue, heureusement la principale intéressée n'a pas entendu le fou rire que cela a provoqué, tandis que Tara la consolait de manière plus sensible en évoquant la valeur de son compagnon disparu.
Le lendemain, nous discutions en pénétrant dans la forêt de bouleaux, cernés par les troncs pâles illuminés par la lumière matinale. En cherchant à en savoir plus sur le clan des hommes-longs et sur leurs victimes, nous nous sommes rendus compte que Braunthour n'était même pas certain que ceux-ci soient responsables des meurtres, mais savait simplement qu'ils avaient trouvés les premières victimes après que le clan du Hibou Gris se soit présenté à eux par l'intermédiaire de deux émissaires. Le clan des Arbres Blancs ignorait donc si ces mystérieux voisins étaient réellement une menace, et ne connaissait même pas leur nombre. Cette expédition s'annonçait délicate … plutôt que d'attaquer sans avertissement, nous nous sommes décidés à tenter d'obtenir des réponses avant d'agresser ces inconnus.
Afin de calmer les craintes des chasseurs et du chamane Corao nous accompagnant, nous avons pris la peine de capturer de petites proies afin d'en faire offrande à Siounkan et que notre incursion ne soit pas perçue comme sacrilège. Puis nous avons aperçu au loin le camp des hommes-longs. Nous avons décidé d'avancer ouvertement afin d'ouvrir le dialogue tandis que Garll resterait en arrière, surveillant les abords du village. Tara avança d'un pas décidé … avant que le sol ne se dérobe sous elle, Kodä manquant de peu de la retenir. Une fosse piégée ! Heureusement peu profonde, mais l'un des pieux avait manqué de peu l’œil de Tara, ripant contre son arcade sourcilière ! Kodä eut le temps de la remettre sur pied et de stopper l'abondant saignement, avant que Tara ne se remette immédiatement en marche, estimant que cet incident ne devait pas nous retarder plus. Plus alerte cette fois-ci, j'ai eu le temps d'avertir notre bande qu'un autre piège était tendu quelques pas plus loin : un lourd rondin prêt à s'abattre sur quiconque buterait contre le câble déclencheur tendu à hauteur de cheville.
Ces pièges étaient-ils un aveu de culpabilité d'un clan attendant d'éventuelles représailles de ses victimes, ou les faces-plates redoutaient-ils autre chose ? Alors que je me posais ces questions, Tara et Kodä nous désignèrent une étrange scène : quelques hommes-longs et leurs accoutrements étranges entourant un immense squelette non-identifié. Des bois de cerfs, une mâchoire de carnivore, un long cou surmontant une échine puissante … six pattes ?! Cette chose ne pouvait être qu'un habile amalgame de plusieurs squelettes, maintenu par des perches et des cordes ! Mais quelle était la fonction de cette chimère ? Les faces-plates vénéraient-ils des mannes connus d'eux seuls, ou ce monstre était-il un témoin de leurs prouesses de chasse ? Cette tribu vénérait-elle toujours Siounkan ?
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