Récit de session Würm du 15/11/2022 - L’Exode des clans
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AVERTISSEMENT : ces résumés de partie sont basés sur la campagne officielle de Würm "Les Enfants de la Rivière", lire l'intégralité vous expose donc à des spoilers.
Trigger Warning : les coutumes de certains
clans préhistoriques impliquent des aspects choquants pour nos
contemporains, tels que la polygamie, le géronticide ou le cannibalisme.
Ce jeu n'est pas centré sur ces aspects, mais reste destiné à un public averti.
L’Exode des clans
(récit de session de Würm du 15/11/2022, conté du point de vue de Zortaq)
En fin de journée, tandis que je peinais à démonter seul la hutte que je tenais de mon père, je vois Tara et Pohoun' s'approcher, traînant derrière eux un travois sur lequel repose la dépouille de Rigghoï. J'eus le moment de remercier les esprits que cet incident n'ai pas eu lieu en pleine saison chaude, sans quoi le trajet aurait été bien plus incommodant pour eux, entre les miasmes méphitiques et la nuée bourdonnante des mouches.
Je chassais ces pensées morbides tandis que Tara dépassait Garll. Ce dernier était encore hagard de ses visions et de la décision précipitée du départ du clan, comme je l'expliquais à Tara. Je lui rapportais les derniers sombres présages nous ayons poussé à partir : la rivière charriant des poissons morts, Garll rêvant de notre esprit tutélaire Lakti, l'évocation de ce mystérieux Sang Noir et de l'histoire sombre de nos ancêtres ...
J'ai aussi évoqué à mi-voix la raison pour laquelle la griffe de panthère, le symbole de notre quatuor, ne pendait plus à mon cou.
Nous avons été interrompus par les membres du clan des Arbres Blancs, profondément reconnaissants envers Tara et Pohoun' d'avoir pris le risque de ramener l'un des leurs mort loin de chez lui.
Les Arbres Blancs se rassemblèrent pour une veillée funèbre autour du corps de Rigghoï, reposant sur une couche surélevée faite de perches de bouleaux.
Les Enfants de la Rivière continuèrent leurs préparatifs pour le départ au son des lamentations du clan en deuil, et néanmoins déterminé à nous accompagner dans cette épreuve.
Le lendemain, nous sommes partis après avoir laissé des signes de chasse afin que Shem, une fois sa mission de messager achevée, puisse nous suivre sans mal. Un jour de voyage s'écoula, longeant les rives de la Rivière aux Anguilles. La première nuit se passa dans le calme, après une cérémonie rassurante pour nous assurer la bienveillance de Lakti, ainsi que celle de l'esprit des montagnes Henki. Nous savions que nous pénétrerions dès le lendemain sur ses terres, et combien son courroux pouvait se révéler redoutable.
Lors du deuxième jour de notre périple, le clan entama l'ascension des premières pentes des Montagnes Grises. Le terrain plus difficile fut l'occasion de manifester la solidarité renouvelée entre les Arbres Blancs et les Enfants de la Rivière, chacun faisant de son mieux pour alléger la charge portée par les plus fragiles d'entre nous. Nous avions troqués nos tenues coutumières pour de chauds vêtements, plus pesants mais nécessaires.
Alors que le soleil avait dépassé le zénith depuis quelques heures, Vors nous rassembla, son fils Kodä, Tara, Garll et moi, Zortaq. Il nous suggéra de partir en reconnaissance dans une vallée proche, espérant trouver le foyer de nos ancêtres, la Source Fumante. De plus, il pourrait s'agir également de l'eau du Cœur des Montagnes qu'évoquait le songe inspiré par Lakti, permettant de purifier la source de la Rivière aux Anguilles du fléau du Sang Noir.
Nous avons attendu patiemment que Garll entre en communion avec l'esprit d'un rapace, planant loin au dessus de nos têtes. Son œil perçant distingua une paire de sources voisines, l'une ruisselant simplement en filets sur le sol pierreux, et l'autre sortant d'une grotte exhalant une chaude vapeur. Sans doute la Source Fumante.
Nous nous sommes mis en marche vers le Nord-Est guidés par Garll jusqu'à la paroi rocheuse d'où jaillissait les deux sources. L'endroit semblait favorable pour y établir notre camp au moins pour la nuit, mais la cavité exiguë se révéla décevante : un bassin d'eau chaude, mais à peine trois personnes auraient pu s'y réfugier, et en aucun cas le clan entier de notre aïeul Wuloï.
Je suis reparti avec Garll annoncer aux autres de venir s'installer dans cette vallée, tandis que Kodä et Tara restaient sur place pour explorer sommairement les environs à la recherche d'indices plus probants. Et plus prosaïquement de bois pour le feu.
À notre retour, Tara et Kodä étaient à la fois satisfaits et inquiets par leurs découvertes : Tara avait remarqué que la source chaude sortait d'une autre grotte plus haut dans la vallée. Une impressionnante faille, formant un porche plus haut que trois personnes et moitié moins large. À l'entrée, un pieu vermoulu encore planté droit, et un crâne d'ours usé par les éléments tombé au sol. Tandis que la première impulsion de Tara avait été de remettre le crâne en place sur le piquet, Kodä avait rétorqué avec méfiance que cela risquait d'être considéré comme une marque d'irrespect par l'esprit Kani’hounâ, la grande Ourse rouge.
Nous étions accompagnés par le sage Vors, et par le meneur de chasse et père de Garll, Haram. Même si Vors affirma que le crâne était probablement trop ancien pour qu'un esprit courroucé ne hante encore les lieux, Kodä prit l'initiative de faire une brève prière à Kani’hounâ, rapidement imité par le reste de notre groupe.
Nous avons suivi Tara et Kodä dans la caverne dont ils avaient uniquement exploré la première salle. Une vaste voûte au sol argileux, parsemée de massifs blocs rocheux. Mais surtout des vestiges de feu, des restes d'os rongés, de pierres taillées. Témoins rassurants qu'un clan avait vécu ici. Nos aïeux. Plus intriguant et inquiétant, plusieurs os humains sectionnés. Vraisemblablement l'on avait coupé des jambes ici, était-ce une conséquence de la maladie, ou cela avait-il un rapport avec le crâne d'ours ?
La première galerie que nous avons exploré s'est vite achevé sur une impasse après avoir longé d'autres bassins d'eau fumante. L'exploration de la seconde nous prit plus de temps.
Une douce chaleur était perceptible dans l'air tandis que nous suivions un long couloir qui s'enfonça de façon de plus en plus raide, puis longea de vastes bassins chauds, jusqu'à déboucher sur une salle où s'ouvrait un puits. En lançant quelques cailloux, Tara a déterminé qu'il n'y avait pas d'eau au fond, ce que Kodä a confirmé en descendant à l'aide de la corde dont je ne me sépare jamais.
Je pris soin de remplir une outre de l'eau thermale des bassins, tandis que Kodä en remplit une de la source d'eau froide vue plus tôt. Nous n'étions pas certains de quelle était "l'eau du Cœur des Montagnes" qui permettrait de purifier la rivière, mais ces deux sources semblaient en tout cas saines.
Le clan s'installa à l'extérieur de la vaste ouverture tandis que tous les chamanes nous accompagnant se réunissaient. Vors et Nayama, respectivement père et épouse de Kodä, Garll ainsi que Corao le chamane des Arbres Blancs demandèrent aux esprits ancestraux de nous indiquer si ce lieu pourrait ou non abriter nos deux clans pendant la Saison du Sommeil, ou si la malveillance d'Athran-mak ou le courroux des malheureux restés avec lui risquaient de tourmenter ceux qui oseraient s'approprier leur dernière demeure.
La nuit passa, nombre d'entre nous lorgnant vers la vaste caverne à l'atmosphère tiède. Moi le premier. Au matin, les différents chamanes étaient unanimes : les présages étaient favorables, Arbres Blancs comme Enfants de la Rivière pourraient passer la longue saison froide à l'abri de la grotte de la Source Fumante.
Cependant les présages ne s'arrêtaient pas là : Wuloï leur était apparu en rêve, leur montrant une truite de la rivière suintante de sang vicié. Puis il leur avait montré son clan natal, expliquant que la souillure venait d'Athran-mak mais qu'en son absence la Source Fumante restait pure. Puis il avait masqué les yeux des rêveurs, dans l'obscurité de sa paume les parois humides d'une grotte obscure, un écho lointain et une présence inconnue glaçant le sang. Enfin, le rêve s'achevait sur un éperon rocheux au grand air, devant une mer de nuages. Une gracieuse inconnue se tenait là, toisant les reliefs estompés du glacier. Son visage exprimait l'angoisse, et les songes s'achevèrent sur la douleur de sa poigne squelettique s'agrippant au bras des chamanes.
Cette femme était sans doute celle qu'Athran-mak avait aimé, et dans sa folie avait empêché de rejoindre les ancêtres à son trépas. C'était la signification probable du crâne d'ours : un défi sacrilège dirigé contre Kani’hounâ, censée guider les mânes des décédés. L'épouse d'Athran-mak nous guidait-elle vers la source à purifier ? Bien que son apparition onirique avait de quoi effrayer, elle semblait plus être victime que complice de l'abjuration de son époux veuf.
Alors que l'ensemble du clan s'installait avec gratitude dans la caverne protectrice, nous décidions de prendre le temps nécessaire aux préparatifs cruciaux, avant de partir à la recherche de la source où nous pourrions soigner le mal rongeant Lakti. Et peut-être affronter la hantise séculaire d'Athran-mak. Vors approuva notre initiative : l'influence protectrice de Wuloï nous guidait dans cette quête comme elle l'avait déjà fait en d'autres temps de périls.
Kodä prépara remèdes et poisons, même si nous avions un doute quant à l'efficacité des esprits des plantes contre la puissance du spectre d'un dément. Toutefois, Kodä pouvait également compter sur sa maîtrise du feu qui nous serait également précieuse face au froid des cimes enneigées.
Inspiré par cela, et par sa judicieuse insistance à nous munir de torches, je finis par dégoter un cristal de quartzite rouge, que je taillais en pointe afin de me confectionner un épieu dans lequel j'appelais les esprits du feu afin qu'ils me protègent du froid redoutable, ainsi qu'ils puissent repousser l'ombre que nous risquions d'affronter contre laquelle les armes ordinaires seraient bien dérisoires.
J'enchantais également deux dents issues de la tête d'ours, afin que Kani’hounâ procure ses forces et sa vaillance à Tara et Kodä lorsque nous affronterions l'aïeul parjure.
Pendant ce temps, Garll récupéra au mieux tout en veillant à ce que sa femme Loïmeh soit installée convenablement en attendant la naissance prochaine de leur deuxième enfant.
Tara se munit de ses armes habituelles, possédant toujours un épieu dédié aux esprits du combat qui, je l'espérais, serait approprié pour surmonter les épreuves à venir.
Deux jours après avoir s'être installés à la Source Fumante, nous partions de nouveau tous les quatre. La marche fut rude, en dépassant une crête un vent féroce commença à nous malmener, les baisers gelés des flocons nous mordant le visage. D'un côté la falaise du glacier dominait la vallée, et de l'autre s'étendait le serpentement d'une rivière gelée.
Garll, seulement partiellement remis de l'attaque du fauve qui avait failli le tuer, commença à claquer des dents, uniquement concentré sur le fait de mettre un pied devant l'autre dans cette tourmente.
C'est alors que Kodä et moi aperçûmes une forme massive, défiant l'entendement. La chose aurait dû se courber pour entrer dans la caverne de la source fumante, à travers le blizzard nous n'apercevions que des détails de sa gigantesques silhouette contrefaite. Des bras monumentaux, dotés de doigts, ou étaient-ce des griffes ?
Une crinière d'ombre assombrissant son torse. Et plus saisissant encore, une myriade de têtes groupées en une repoussante grappe lui tenait lieu de face, les traits obscurcis mais les yeux, tant d’yeux ! Tous luisant du même regard glacial, fixé dans le vide. Quelle était cette abomination née du brouillard ? Était-ce là l’incarnation d’Athran-mak et de ceux qu’il a égaré derrière lui ?
Un instant plus tard, un hurlement plaintif nous frappe telle une bourrasque, un chœur de damnés gémissant à pleine voix. La cacophonie ébranla notre résolution, tandis que Kodä semblait garder la tête sur les épaules, l’apparition nous glaça le sang même à une telle distance. Tara dû se cramponner à son épieu pour ne pas tomber à genoux.
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