Récit de session Würm du 18/10/2022 - Tout brûler.
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AVERTISSEMENT : ces résumés de partie sont basés sur la campagne officielle de Würm "Les Enfants de la Rivière", lire l'intégralité vous expose donc à des spoilers.
Trigger Warning : les coutumes de certains
clans préhistoriques impliquent des aspects choquants pour nos
contemporains, tels que la polygamie, le géronticide ou le cannibalisme.
Ce jeu n'est pas centré sur ces aspects, mais reste destiné à un public averti.
Tout brûler.
(récit de session de Würm du 18/10/2022, conté du point de vue de Zortaq)
Tandis que Garll restait prudemment en observation aux abords du camp des hommes-longs, nous emboîtions le pas à Tara qui s'avança sans hésitation, le visage encore ensanglanté suite à sa malencontreuse rencontre avec une fosse dissimulée.
Nous avons échangé quelques mots balbutiés dans notre langue avec une sentinelle vêtue d'un de ces étranges accoutrements élaborés d'hommes-longs, et l'homme consentit finalement à nous mener au cœur de leur village.
Quatre tentes s’élevaient autour d'un grand foyer central, des faces-plates s'affairaient aux mêmes activités qui devaient occuper en ce moment même les Enfants de la Rivière : trier des herbes médicinales, faire sécher la viande afin de la conserver ...
Toutefois certains détails nous préoccupaient. Les hommes-longs nous ont toujours paru frêles et dégingandés, bizarrement proportionnés comparés à la robustesse trapue des homme-ours. Mais ceux-ci, bien que nombreux, nous parurent affaiblis, comme usés physiquement.
L’œil exercé de Kodä reconnu une abondance notable de plantes narcotiques dont la consommation était plus adapter au fait de calmer la douleur plutôt qu'à soigner des malades. Quelqu'un souffrirait-il ici ?
Je repérai un détail bien plus inquiétant : une partie de la viande préparée pour l'hiver me semblait être d'origine humaine. Ce clan avait-il des rites funéraires comparables aux nôtres ? Même si c'était le cas, le fait de voir cette carne suspendue au milieu de celles d'autres gibiers me semblait particulièrement dérangeant, à la fois irrespectueux des proies comme des individus dont la chair était ainsi exposée sans cérémonie.
Malgré ces troublantes constatations, nous nous sommes assis aux côtés de deux individus : un homme-long à la langue agile nommé Ten'ss, et une vieillarde homme-ourse mutique répondant au nom de Nir. La présence de cette dernière au milieu d'une petite trentaine de faces-plates nous déconcertait. Ten'ss veilla à ce que l'on nous apporte boissons et fruits, tandis que Kodä confia des herbes médicinales à Nir afin de satisfaire aux lois de l'hospitalité.
Notre entretien avec Ten'ss fut étrange : je tentais une approche diplomate, Tara se montrait accusatrice tandis que Kodä louvoya entre honnêteté et curiosité envers leurs étranges us. Nous apprîmes que l'impressionnant assemblage squelettique aperçu à notre approche était une forme d'art pour le clan du Hibou Gris, leur permettant également d'afficher leur habileté chasseresse.
Les pièges entourant leur camp étaient d'après eux là comme précaution envers les attaques de bêtes féroces. Cette explication nous laissa dubitatifs, mais après tout peut-être que les prédateurs s'attaquaient plus volontiers à ces frêles individus qu'aux pugnaces hommes-ours.
Ten'ss prétendit n'avoir eu aucun contact avec le clan des Arbres Blancs depuis leur arrivée sur ces terres, guidés par les commandements de Siounkan dont ils étaient selon eux les émissaires. L'homme-long déclara effrontément qu'ils ne rencontraient aucun problème majeur à l'approche de la Saison du Sommeil, car l'esprit tutélaire pourvoyait à leurs besoins. Quel affront envers nos alliés des Arbres Blancs qui avaient tant de mal à se concilier les faveurs de l’ombrageux Siounkan !
C'est alors que je m'aperçus que ceux-ci restaient étrangement silencieux, mal à l'aise devant le regard fixe que leur jetait Nir. Après quelques questions en ce sens, Nir admit avoir fait partie d'un clan que nous devinions être celui des Arbres Blancs, avant d'avoir été bannie. Elle avait été recueillie par le clan du Hibou Gris qu'elle assistait désormais en tant que chamane, relayant la parole de Siounkan afin qu'ils connaissent et agissent selon sa volonté.
Alors qu'elle venait de déclarer qu'un autre chamane serait capable de confirmer ses dires, un roulement de tambour familier s'est fait entendre. Garll nous raconta plus tard que la vision d'un grand hibou se perchant silencieusement au dessus de lui en plein jour l'avait décidé que le temps de l'attente était passé pour lui.
À son arrivée, Nir se fit bien moins loquace, et Ten'ss après quelques échanges de paroles cordiales nous souhaita bonne chance tout en nous signifiant qu'ils étaient lassés de nos questions.
De retour au clan des Arbres Blancs, nous sommes allés consulter la seule membre suffisamment âgée pour avoir connu Nir avant son bannissement : Taarna, ancienne et sorcière. Celle-ci fut très surprise d'apprendre ce qu'était devenue Nir, d'autant que le motif de bannissement de celle-ci était d'avoir voulu renier l'esprit tutélaire Siounkan !
Braunthour et Corao furent d'accord sur le fait que Ten'ss cachait manifestement la vérité, et que le clan du Hibou Gris n'était pas aussi innocent que ses représentants le déclarait. Tara abonda en leur sens, et discuta avec eux de la meilleure façon de mettre en place des tours de garde afin que les présences nocturnes rôdant à la lisière ne fasse aucune autre victime.
En attendant la nuit, Kodä concocta des substances aux effets hallucinatoires tandis que je m'attelais à enchanter une arme pour Tara, sentant que la confrontation serait probable.
Une discussion à bâtons rompus précéda cette fois cet enchantement : Tara souhaitait que j'enchante une arme ciblant spécifiquement la très suspecte Nir, mais je sentais que les esprits pourraient interpréter une telle demande comme une forme de malédiction ou pire, une transgression du tabou du meurtre ... Je demandais donc aux esprits du combat d'apporter leur aide quelque soit les épreuves qui nous attendaient. Garll quant à lui nous gratifia d'un culte au crépuscule, afin que les esprits de la forêt permettent à nos yeux de percer l'obscurité de la nuit et de ce mystère.
De nouveau, le camp du Hibou Gris. De nouveau, la lueur du feu de camp projetant les ombres émaciées des sentinelles. De nouveau, la menace invisible des pièges. Nous avions convenu que Garll et Tara, les plus furtifs d'entre nous, partiraient enquêter tandis que nous n'interviendrions avec Kodä qu'en cas d'imprévu.
L'attente se fit longue dans l'obscurité, surtout lorsqu'une brume surnaturelle se déversa depuis la forêt jusqu'à la falaise bordant le campement, roulant sur le relief comme une vague fantomatique. Visiblement, les esprits étaient avec nous, les prières de Garll avaient porté leurs fruits.
Avec Kodä, nous avons décidé de profiter de cette opportunité pour fouiller l'endroit probablement le moins surveillé du camp : le dépotoir. Nous nous sommes avancés et avons tâtonné dans les ténèbres, jusqu'à ce que mes doigts n'agrippent un sinistre vestige.
La crénelure d'une dentition.
L'arête d'une mâchoire robuste.
La courbe d'un crâne.
D'un crâne d'homme-ours.
Alors que je communiquais cette trouvaille macabre à Kodä à mi-voix, un frémissement d'agitation parcouru le camp des hommes-longs. Des ordres dans leur dialecte incompréhensible. La rumeur d'un rassemblement.
Afin d'égarer d'éventuelles recherches, je faisais diversion en projetant une bille de fronde au jugé dans les bois, suffisamment loin de Tara espérai-je pour ne pas compromettre son propre repli. Quelques instants plus tard, nous nous retrouvions sous couvert des arbres avec Garll et Tara.
Garll semblait catastrophé par l'horrible confirmation que ces faces-plates étaient des tueurs d'hommes-ours, et fit appel à tous les esprits de sa connaissance afin qu'ils nous gardent de connaître le même sort que leurs précédentes victimes. Tara évoquait fébrilement le fait que l'immense squelette s'était mis à bouger, puis était redevenu inerte et l'était resté même après qu'elle l'ait frappé.
Kodä garda le silence, s'affairant de façon méthodique avec ses silex, son visage éclairé de façon intermittente par les étincelles jusqu'à ce que la flamme prenne. La torche à la main, il nous regarda tour à tour avec un sérieux mortel, avant de nous partager son plan.
Tout brûler.
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