Récit de session Würm du 21/06/2022 - Comment nous avons vengé mon père.
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AVERTISSEMENT : ces résumés de partie sont basés sur la campagne officielle de Würm "Les Enfants de la Rivière", lire l'intégralité vous expose donc à des spoilers.
Trigger Warning : les coutumes de certains clans préhistoriques impliquent des aspects choquants pour nos contemporains, tels que la polygamie, le géronticide ou le cannibalisme.Ce jeu n'est pas centré sur ces aspects, mais reste destiné à un public averti.
Comment nous avons vengé mon père.
(récit
de session de Würm du 21/06/2022,
conté du point de vue de
Zortaq)
Comment nous avons vengé mon père.
C'est ce que je vais vous raconter ce soir. Du moins comment cela a commencé.
Nous étions désormais de jeunes adultes du clan des Enfants de la Rivière, 17 printemps et déjà notre content d'histoires à rappeler lors des veillées.
Tara la chasseresse, dite Feydda "la panthère", marchant avec entrain dans les pas de sa famille, en particulier ceux de son père, Urhor le meneur de chasse.
Koda aux talents de guérisseur, étudiant la sorcellerie et les esprits des plantes, ceux qui apaisent le corps comme ceux qui l'affaiblissent auprès d'Uk-të, une sorcière du clan plus expérimentée en la matière que la mère de Koda, Anta.
Garll notre aîné, plus secret ces derniers temps, progressant sur les voies mystérieuses de la transe aux côtés de Vors, maître chamane.
Et moi, Zortaq, avide d'en savoir plus sur tout ce qui nous entoure, et depuis peu apprenant à confectionner quelques charmes pour aider les chasseurs, sous l’œil du sage Taman.
Nous nous arrangions quand même pour nous réunir dès qu'il s'agissait de remplir collectivement des tâches nécessaires à la vie du Havre. Nous revenions après avoir relevé des collets aux prises abondantes, et récolté des baies selon les conseils par Koda, lorsque nous l'avons vu.
Le mort.
Sur la berge de la Rivière aux Anguilles, en contrebas d'un promontoire rocheux. Saigné par un prédateur. Je me souviens que le choc de voir le corps inanimé de l'un des nôtres a été balayé par une seconde révélation.
Il s'agit de Laoki.
Mon père.
Mon père n'était pas un homme-ours prestigieux au sein du clan. Chasseur compétent mais revêche de tempérament. Utile au clan, mais distant. Même envers son fils. Comme vieilli, usé avant l'heure, sans pour autant rassurer comme les sages du clan. Blessé par la perte de ma mère, puis par la fois où il s'est fait encorner par un auroch.
Certains pensent peut-être que je ne respectais pas mon père, ou que je ne l'appréciais pas. Pourtant, même si son humeur était souvent sombre et grondante comme l'orage, je l'admirais. Laoki avait ses défauts, mais il continuait à chasser pour le clan, même s'il était plus à l'aise loin des discussions autour du feu. Son visage se crispait lors des longues marches, et pourtant il savait toujours se déplacer avec la discrétion du furet, ou gravir des parois seulement empruntées par les bouquetins. Il traînait seul ses prises au camp, jusqu'à ce que quelqu'un le croise et l'aide. Il parlait peu, ne demandait rien. Il était rude et tenace comme le granit.
Bref, reprenons.
Tara a repéré des traces étranges : celles d'un lion gris comme s'estompant en s'éloignant du promontoire. Un prédateur qui a tué sans prendre le temps de se nourrir. Nous avons ramené mon père à la tribu, un étrange pendentif autour de son cou.
Vors a été catégorique : le lion n'était pas une bête naturelle, et devait être tué pour la sécurité du clan. Garll est resté avec lui pour préparer les funérailles. Peut-être aussi pour en savoir plus sur ce collier inconnu.
Nous sommes partis à trois, Koda a enduit nos armes d'huile de lune ou de poison. J'ai gravé mon épieu à l'effigie du lion que nous allions chasser, et demandé aux esprits de la chasse de me prêter leur force afin de venger mon père. Tara nous a guidé, sachant d'expérience où passer la nuit afin de ne pas être surpris par la bête. Le temps d'allumer un feu de camp et le soleil s'était couché, Koda l'avait suivi. Tara et moi surveillions sombrement les environs.
Deux braises dans la nuit. Deux yeux rouges surmontant une gueule exhalant dans l'air froid de la nuit. Le lion gris. Avançant vers nous. Nous avons réveillé Koda sans quitter le prédateur des yeux.
Le silence soudain déchiré par un rugissement assourdissant. L'animal charge. Un brandon enflammé vole, lancé par Koda, ébranlé par le hurlement rageur du félin.
Tout va très vite.
Je lance un bola qui virevolte et fait chuter lourdement l'animal, interrompant brutalement sa course. Une sagaie lancée par Tara entaille l'échine de l'animal, sans s'y enfoncer profondément. Un tir de fronde de Koda éborgne le lion qui hurle sa rage, tentant de se dépêtrer du bola. Koda confie son épieu à notre chasseresse. Nous courons avec Tara vers l'animal. La hampe de mon épieu vibre dans ma main. Rage vengeresse ou esprits de la chasse impatients, je ne l'ai jamais su.
Je ne sais plus combien de fois nous avons frappé l'animal, avant qu'il ne s'écroule dans un râle.
Et s'évapore, comme s'il n'avait été qu'une masse de brume dispersée par le vent.
Pas de corps. Pas de trophée, mais surtout une victoire sans substance. Plus de questions que de réponses. Les traces du lion s'évanouissant dans l'ombre. Etait-il l'incarnation d'un esprit courroucé, un tour sinistre d'un chamane malveillant ?
Nous nous sommes rendu à l'évidence : lorsqu'il s'agissait des esprits, sans Garll notre groupe était aveugle.
Nous sommes rentrés, pour partager au conseil du clan ce que nous avions vu. Quelqu'un ou quelque chose en voulait à la tribu. Si tuer la bête n'avait pas suffi à faire disparaître cette menace, nous devrions suivre la piste du mystérieux pendentif.
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