Récit de session Würm du 27/09/2022 - Henki pardonne, le clan se souvient

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AVERTISSEMENT : ces résumés de partie sont basés sur la campagne officielle de Würm "Les Enfants de la Rivière", lire l'intégralité vous expose donc à des spoilers.

Trigger Warning : les coutumes de certains clans préhistoriques impliquent des aspects choquants pour nos contemporains, tels que la polygamie, le géronticide ou le cannibalisme.
Ce jeu n'est pas centré sur ces aspects, mais reste destiné à un public averti.

Henki pardonne, le clan se souvient

(récit de session de Würm du 27/09/2022, conté du point de vue de Zortaq)

Nous venions de pénétrer dans cette cavité glaciale, au cœur de la montagne. Tara se précipita vers son frère, amorçant une gifle ... avant de lui tendre la main pour l'aider à se relever. Mais Shem était grièvement blessé : un choc violent lui avait laissé une vilaine marque violacée sur le torse, et surtout il souffrait d'une fracture proche de sa hanche. Hedrou, l'autre chasseur survivant semblait tout autant éprouvé.



Kodä s'empressa d'appliquer son baume guérisseur sur les contusions des deux rescapés, mais il nous annonça que si cela les aiderait à se sentir mieux, cela ne guérirait pas à court terme la blessure de Shem.



Tandis que Tara entreprenait de rassurer son frère et de lui confectionner une attelle afin qu'il puisse se déplacer, j'observais le manège de Worthan d'un œil circonspect.

L'ermite errant sembla entrer en transe, et progressivement le froid environnant se fit moins mordant, comme si un peu de chaleur du lointain soleil s'était insinuée à travers la montagne.

J'ai questionné Garll qui supposa qu'il s'agissait d'une manifestation de la voie chamanique du Soleil. Ma méfiance envers Worthan baissa d'un cran tandis que l'atmosphère se réchauffait.



Toujours ébranlé par la colère de Henki et par la traversée des passages ténébreux, je demandais à Garll de bien vouloir éloigner de moi l'ombre du mauvais œil que je sentais planer sur moi. Celui-ci commença à entonner une mélopée, priant les esprits de soulager nos corps et nos esprits.

Kodä tenta d'allumer un feu, ce qui malgré son habileté fut plus ardu que prévu, et nécessita le soutien de Worthan. Enfin, lorsque les flammes s'élevèrent, nos frissons cessèrent. Les blessés étaient pour l'instant hors de danger.



Worthan questionna Tara de façon sibylline, lui demandant si elle comptait achever ce qu'avait commencé son frère et traquer le grand Vaourou, revendiquant ainsi la gloire d'une chasse extraordinaire. Tara répondit qu'elle aurait pu jadis faire la même erreur que Shem, mais que que le présage de l'étagne blanche dont nous avions été témoins signifiait sans doute qu'Henki avait en lui une facette magnanime et pacifique, et que malgré la gravité de l'affront tout n'était pas perdu.

Je me souviens qu'entendre ces paroles nous rassura tous, et nous avons tous confirmé notre intention : calmer et rendre hommage à Henki, et non chercher à le vaincre et le soumettre.

Worthan suggère une cérémonie rituelle ici, au coeur de la montagne, avant de partir à la rencontre de l'esprit.



Tara proposa judicieusement que nous montrions à Henki que nous n'avons aucune intention hostile, et que chacun sacrifie une arme lors de la cérémonie. Shem commença en sacrifiant sa sagaie, suivi par Hedrou. J'ai vu Kodä regarder avec regret son épieu enduit d'huile de lune se consumer dans les flammes, tandis que je déposai avec autant d’hésitation ma propre arme enchantée. Mais la situation exigeait des offrandes dignes de Henki.



Après que chacun eut posé l'une de ses armes, Kodä, Tara et moi avons décidé de laisser sur place nos armes avant de sortir de la caverne. Garll quant à lui insista pour garder son couteau d'os favori. Après tout, pour lui cette arme qui ne le quittait jamais était presque un talisman.



Nous avons suivi les larges traces laissées par le grand bouquetin, progressant vers les hauteurs. Lorsqu'il a fallu escalader un abrupt piton rocheux, nous avons connu quelques frayeurs. Bien que le temps était redevenu paisible, la montagne restait dangereuse et une mauvaise prise aurait pu nous faire connaître le même sort que Néouk : une longue et terrifiante chute, suivie d'un impact mortel. Heureusement, j'ai pu accrocher une corde en haut de la falaise, qui a pu aider les personnes suivantes dans leur ascension, particulièrement Shem qui jusque là avait supporté sa blessure les dents serrées, faisant l'effort de ne pas nous ralentir malgré son état. Worthan quant à lui semblait totalement dans son élément.



Une fois tous arrivés en haut, nous avons pu voir qu'un troupeau de bouquetins nous attendait sur le plateau. Une étagne blanche se détachait parmi ses congénères. Était-ce celle croisée quelques jours plus tôt en forêt, qui avait finalement retrouvé son chemin ? Le Vaourou de Henki était évidemment là. Puissant, couronné de larges cornes torsadées, son apparence fière seulement entachée par la sagaie encore fichée dans son flanc.




Nous avons marché vers la harde, paumes ouvertes. Même l'apparition du lion spectral aux yeux rougeoyants ne m'avait pas autant inquiété. Le Vaourou s'avança, le troupeau nous encercla. La présence du gigantesque bouquetin qui nous toisait semblait presque palpable, nous avions l'impression de ressentir sur notre peau les battements de son cœur.



Tara a fait meilleure figure que Garll, Kodä, Hedrou et moi. Mais ce fut l'aplomb de Shem qui nous stupéfia : lui qui aurait pu s'attendre à partager le sort funeste de Néouk, il se tenait pourtant droit, prêt à subir dignement le jugement de l'esprit qu'il avait effrontément offensé.

L'étagne blanche s'approcha et lécha la main de Tara. Je me souviens vaguement que Kodä m'avait évoqué à mi-voix un plan désespéré impliquant du poison et un baume médicinal, heureusement nous n'avons pas eu à y recourir.

Garll a fait mine de s'avancer vers le Vaourou, avant que nous ne l'enjoignions à laisser derrière lui son poignard d'os. Avec réticence, mais finalement convaincu par Tara, celui-ci obtempéra. Visiblement Kodä n'était pas le seul à avoir planifié des solutions alternatives si Henki ne s'était pas montré réceptif à notre approche pacifique ...

Garll s'avança donc, et posa sa main sur le flanc de l'animal-esprit, entonnant une envoûtant mélopée. Quelques instants plus tard, la sagaie était retirée de la blessure du Vaourou, et les yeux de celui-ci nous fixaient avec bienveillance. Il sembla saluer notre épreuve de repentance d'un bêlement profond, avant de s'éloigner avec sa harde vers les neiges éternelles.



Sur le trajet du retour, bien que le danger ait été écarté et l'affront à Henki lavé, nos pensées restaient sombres. L'insistance de Garll à rester armé en présence de l'esprit nous avait interloqué, et nous n'étions toujours pas certains de ses raisons.

Nous nous sommes arrêtés près du gouffre où reposait la dépouille brisée de Néouk, les ombres des vautours glissant sur nous. Kodä insista gravement sur les conséquences que la folie du mort, de Hedrou et de Shem avait eue. Nous avons érigé un cairn afin que sa tribu natale puisse le retrouver plus facilement si elle décidait de récupérer ses ossements.



Lorsque nous avons laissé les hautes montagnes derrière nous, le sage Worthan nous annonça que nos chemins se quittaient ici. Garll remercia Worthan pour son assistance, tandis que je m'excusais pour la méfiance finalement injustifiée qu'il m'avait inspiré. Celui-ci ne se formalisa pas, et accueilli avec gratitude ma proposition de lui accorder l'hospitalité due à un ami du clan si ses pas le menaient un jour près des Havres.



Avant que Hedrou ne s'éloigne pour retrouver le clan des Roches Acérées, Tara lui annonça que, bien qu'il ait compris un peu tard la gravité de ses actes, il s'était déshonoré en tant que chasseur. Elle acceptait de lui reparler à l'avenir, mais elle ne le considérerai plus comme un compagnon de chasse. Celui-ci, contrit, accepta cette sentence.



Deux jours plus tard, nous retrouvions parmi les nôtres au camp. Nous rapportâmes les événements à Vors, qui nous dit avoir entendu parler de Worthan comme un bienfaiteur vagabond, apparaissant parfois dans les moments les plus inattendus lorsque le besoin s'en faisait sentir. Je repensais au mystérieux pèlerin broussailleux, sans qui nous aurions eu bien du mal à trouver notre chemin à travers la tourmente ou dans les entrailles de la montagne. Ce mystérieux personnage semblait avoir un pied dans notre monde et l’autre pied dans celui des esprits.



Tara persuada son père Urhor de ne pas être trop sévère à l'encontre de Shem qui avait compris selon elle qu'il était désormais inutile pour lui de chercher tout prestige après cette disgrâce. J'étais plutôt de l'avis de lui rappeler son erreur sitôt qu'il montrerait des signes d'irresponsabilité, mais bon, la suite de cette affaire serait réglée soit par le clan au complet, soit par la famille de Shem.



Au cours de la veillée, Garll et moi avons captivé le public par le récit de nos aventures inattendues, des plaines aux hautes cimes, en passant par galeries et falaises. Notre épopée semblait faire particulièrement forte impression sur les jeunes enfants, sursautant à nos descriptions de la puissance de Henki et des périls de la montagne.

Tara rectifiait quelques unes de nos exagérations un peu trop fantaisistes, et déclara posément qu'avoir décidé d'épargner l'étagne blanche n'avait pas fait d'elle une moins bonne chasseuse, bien au contraire.

Kodä, occupé à soigner l'intéressé, insista d'un ton grave sur le fait qu'il serait incapable de chasser pendant un moment, mais qu'il devrait apprendre à servir le clan d'autres manières, par la cueillette, la pêche ou l'artisanat.



Après tout, la chasse n'était qu'un moyen parmi d'autres d'assurer un lendemain aux Enfants de la Rivière.

 

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